4 – Dans l’univers parallèle.

 

Perry Rhodan parvient au vingtième siècle et rencontre un ancien ami – Mais les sbires de Rodrom se lancent à la poursuite de l’immortel.

Personnages principaux du roman :

Perry Rhodan : L’immortel tombe sur une Terre parallèle.

Aurec et Sam : Les amis et compagnons de Rhodan.

Rodrom : L’incarnation pourchasse Rhodan.

Rosan et Wyll : Le couple d’amoureux parvient au vingtième siècle.

Ark Thorn, Melsos Berool, Glyudor, Itzakk et Scardohn : Les dangereuses unités d’élite de Rhodan sur la Terre.

Sato Ambush : Le pararéaliste est prisonnier dans un para-monde.

 

Prologue.

En 427 NDG, alors que Perry Rhodan cherche à élucider le mystère de l’Armada Infinie, il rencontre pour la première fois le Japonais Sato Ambush.

Le pararéaliste est en mesure d’accéder à des « para réalités » à l’aide de son ki, une force psychique. Il sera un compagnon de Rhodan jusqu’en 1201 NDG. Les Galactiques étudient alors une faille spatio-temporelle par laquelle une entité nommée Sinta cherche à accéder à notre monde. Parmi eux se trouvent Ambush et le Nakk Paunaro à bord de son vaisseau, le Tarfala. Le ki d’Ambush est perverti et il rencontre Embuscade, un double de lui-même doté d’une puce-activateur alors que l’Immortel la lui a refusé. En raison de l’existence de deux Sato Ambush, l’original commence à se dissoudre de la réalité.

* * *

Janvier 1201 NDG.

— Je t’entends, résonna une voix triste. Je ne peux pas revenir en arrière. Je vois le Tarfala comme une ombre. Je vois aussi la faille spatio-temporelle. Et notre univers. Je vois tout, la force en moi et tous les futurs imaginables.

Adieu ! Je vous souhaite bonne chance. La faille spatio-temporelle est tout à fait proche. Paunaro doit pouvoir la découvrir. Elle devient fragile. Vous pouvez…

Ce furent les derniers mots qu’il put adresser à ses amis. Puis il perdit le contact avec le monde réel. Tout devint sombre autour de lui. Il sentait un froid qui l’entourait. Était-ce la mort ? se demanda-t-il. Avec toutes ses forces, il essaya de restaurer le contact avec la réalité. Mais sans succès. Il n’avait pour l’instant aucun espoir de revenir auprès de ses amis sur le Tarfala – peut-être pour toujours. Il ne pouvait toujours pas saisir qu’avec l’émergence de son para moi, sa structure s’était dissoute dans sa réalité. Dans l’univers parallèle, deux Rhodan purent autrefois exister sans que l’un se dissolve.

Peut-être que les conditions étaient différentes. Peut-être que les émissions et fluctuations dans la faille spatio-temporelle provoquaient cet effet. Ou le ki perverti en était responsable. Le fait était qu’un seul « moi » pouvait exister dans la réalité. Comme son para-moi était plus fort que lui, il se dissolvait.

Même quand le para-moi passait dans un autre plan d’existence, le processus ne pouvait être arrêté.

Il ne se serait jamais imaginé une fin pareille. Mais il n’était pas encore mort. D’abord, il s’agissait de sonder où il se trouvait. Était-il prisonnier dans un autre para-monde ou une autre para réalité ? Le corps n’était plus matériel en tout cas. Il planait à travers un nuage bleu. Derrière celui-ci se trouvait un néant gris. Il se sentait perdu et avait peur. Mais il se reprit. Il décida de planer plus loin. Enfin, le Terranien découvrit une lumière verte.

Courageusement, il se laissa pousser là-bas. La lumière verte devenait toujours plus grande. Elle entoura le pararéaliste. Il perdit conscience.

Quand il se réveilla de nouveau, il ressentait une douleur à travers tout le corps. Il ressentait une douleur à travers le corps. Il sentait son corps de nouveau. Le Japonais ouvrit lentement les yeux. Il se retourna et réprima la peur. Il se trouvait sur une couchette de bois. La maison dans laquelle il se trouvait lui était connue. C’était une cabane de bois. Sur une table à côté du lit se trouvait quelque chose à boire et quelques fruits. Il hésita un peu à en prendre bien qu’il sentît une grande faim.

— Du calme, mon ami ! dit une voix aimable.

Il connaissait cette voix.

— Embuscade ! fit-il à voix basse.

Le pararéaliste se leva. Il regarda son para-moi. Les contours n’étaient plus déformés. Le visage d’Embuscade était distinct. Il était face à lui-même.

Il se souvenait quand il avait rencontré son double la première fois. Il essayait alors à nouveau de libérer le Tarfala de la faille spatio-temporelle à l’aide de son ki, mais le ki était perverti, probablement par l’intervention de l’entité Sinta. Il s’y prit mal et se retrouva dans un para-monde dans lequel il fut capturé. Là, il rencontra Embuscade. Comme il se révéla plus tard, Embuscade était son para-double. Quand les deux revinrent dans son monde réel, il commença à se dissoudre et Embuscade se stabilisa dans son continuum. Il se perdit et disparut de son monde. Mais maintenant, il rencontrait de nouveau Embuscade.

— Tu ne devrais plus m’appeler Embuscade, répondit son autre moi amusé.

Le pararéaliste parut étonné.

— Comment dois-je t’appeler alors ? demanda-t-il.

— Au mieux Sato Ambush !

* * *

Le Londres planait lentement à travers l’espace cosmique. La brume autour de lui s’était éclaircie. Il passa une grande planète gazeuse qui avait environ dix-sept lunes. Il n’y avait ni végétation ni vie sur la géante gazeuse.

Pas plus que sur ses lunes, bien que certaines aient possédé les conditions nécessaires. Après que le Londres eut dépassé la géante gazeuse, un vide apparut devant lui.

La syntronique ne travaillait que partiellement. Elle avait subi les conséquences du virus. Les détecteurs de proximité étaient presque inefficaces. Après que la brume eut entouré le Londres, la syntronique du vaisseau avait toutefois activé automatiquement un programme d’urgence.

Tous les êtres à bord étaient plongés dans une profonde inconscience. Ainsi, il revenait à la syntronique de maintenir les systèmes de survie. Elle fonctionnait correctement sur ce point. Elle dirigeait le vaisseau lentement par le système et réactiva toutes les machines et appareils importants. Elle ordonna aux médorobots de se soucier des passagers. Ce processus ne s’opérait que lentement, puisque cent cinquante médorobots tout juste devaient s’occuper de plus de quinze mille êtres vivants.

Perry Rhodan se réveilla lentement. Il sentait une douleur aiguë dans la tête. Un sentiment de vertige et une légère envie de vomir s’emparèrent de lui, mais il se reprit. Rhodan se trouvait toujours dans la centrale de commandement. Le Terranien refit défiler dans sa tête les derniers instants.

Dolphus avait fait tuer la famille du chancelier des Saggittoriens et fait porter la responsabilité à Perry Rhodan. Grâce à l’action héroïque de Sam, Rhodan et Aurec avaient été sauvés de la mort.

Quand ils furent de nouveau sur le Londres, un vaisseau en forme de piquet avec au moins quinze kilomètres de longueur apparut. Celui-ci, avec une surface semblable à celle d’un astéroïde, enveloppa le vaisseau de la Hanse dans une étrange brume et Rhodan perdit conscience.

Il doutait que ce vaisseau-piquet appartienne aux Saggittoriens. De plus, il ne pouvait pas classer le dolan qu’il avait vu sur le monde résidentiel de Doroc. Les dolans étaient considérés comme exterminés. Comment pouvaient-ils alors apparaître dans la galaxie lointaine Saggittor ? Rhodan craignait secrètement que les Policiers du Temps n’aient pas tous étés exterminés, il était bien possible qu’il y ait eu des survivants à la bataille finale. Peut-être que quelques Ulebs avaient survécu et voulaient se venger des Terraniens. Mais de cela, il en doutait, puisque les Ulebs agissaient de façon plus conventionnelle. Cela semblait être plutôt le plan d’un être pensant « cosmique ».

Ce vaisseau-piquet ne voulait pas détruire le Londres. C’était certain. Mais quelles étaient ses intentions ?

Un médorobot interrompit le fil des idées de Rhodan. Il se renseigna sur l’état de santé du Terranien. Rhodan répondit brièvement que tout était en ordre.

Il essaya d’abord de déterminer où ils se trouvaient. Les détecteurs de proximité montraient toutefois à nouveau des dysfonctionnements.

Il se résigna vite puis essaya de réveiller les officiers dans la centrale.

Cette tentative resta cependant aussi infructueuse. Rudoch, Sparks, Maskott, Moindrew ainsi que James Holling restaient inconscient.

Rhodan chargea le médorobot d’amener les personnes dans leurs quartiers et de les alimenter.

Il rechercha le Somien Sam et le Saggittorien Aurec. Ils étaient aussi inconscients. Il arriva cependant à réveiller les deux hommes avec un médodroïde.

— C’est bien que vous, au moins, vous soyez réveillé du pays des rêves ! fit Rhodan avec un sourire aimable.

— Que s’est-il passé ? voulut savoir Aurec.

— Aucune idée, mon ami. Ce vaisseau-piquet nous a enveloppés dans une brume étrange, mais celle-ci a disparu. Il est toutefois établi que nous ne sommes plus dans le système voisin de Saggitton. La lune Ilton n’est visible nulle part, expliqua Rhodan.

Aurec et Sam sentaient aussi des migraines lancinantes. Ils se laissèrent donner quelques injections par des robots.

Aurec regarda le ciel.

— Les constellations sont aussi différentes, fit-il.

Rhodan regarda aussi le ciel. Ses pupilles se rétrécirent. Il croyait reconnaître quelques-unes des constellations.

— Cela ne peut être, murmura-t-il.

Puis Perry alla à la station de commandement et essaya à nouveau d’activer les détecteurs, mais ils ne montraient rien.

— Damnées machines ! fit-il furieusement et il donna un coup de pied à la console.

Il appela la syntronique.

— Ici le système d’urgence du Londres. Que puis-je faire pour toi ? demanda la syntronique avec une voix féminine.

— Tu peux réparer les détecteurs de proximité ? demanda Rhodan.

— Négatif, les détecteurs ont été endommagés par un virus inconnu. Une réparation n’est pas possible sans aide supplémentaire, reçut-il comme réponse.

— Très bien. Alors, dirige-toi vers la plus proche planète.

— À tes ordres, répondit la syntronique.

Le Londres poursuivit son voyage. Il passa un champ d’astéroïde. Rhodan ordonna au vaisseau de s’arrêter. Il avait décidé de rester dans le champ d’astéroïdes.

Les trois éveillés recherchèrent à nouveau d’autres Galactiques qui n’étaient pas inconscients. La recherche dura environ deux heures.

Ils trouvèrent environ vingt personnes qui pouvaient être réveillées. Dont Shel Norkat et Rosan Orbanaschol. L’employé de la Caisse Galactique Ullrich Wakkner était aussi conscient. Par contre, Gaton, Attakus Orbanaschol et plusieurs autres restaient dans un état comateux.

Les vingt Galactiques se rassemblèrent dans la station de commandement. Rhodan distribua les tâches.

— Nous n’avons pas encore vérifié dans le bloc de détention, dit Rosan.

Elle savait parfaitement que Wyll se trouvait là.

— Je doute que Dannos et ses compagnons nous soutiennent, affirma Spechdt, l’unique officier qui fût encore conscient.

— Nous devrions au moins aller y voir. Wyll a été arrêté pour de fausses raisons, répondit vivement Rosan.

Spechdt voulut répondre quelque chose, mais Rhodan le devança.

— Je suis d’accord avec Rosan. Nous allons voir en bas ! dit-il sèchement.

Il alla au bloc de détention avec Aurec, Sam, Spechdt et Rosan.

Les « Enfants du Soleil » se trouvaient sur le sol ou sur leurs lits. Ils étaient tous inconscients sauf un. Le père Dannos se leva quand il vit Rhodan.

— Justement celui qui est éveillé, fit Sam, amer.

— Rosan ! entendirent les quatre crier depuis un autre coin.

Rosan se retourna et vit Wyll. Il était aussi pleinement conscient. Elle prononça son nom et courut vers lui.

— Non, arrête-toi ! cria Wyll.

Rosan s’arrêta soudain. Elle avait presque oublié le champ de force. Si elle l’avait touché, elle aurait probablement été paralysée.

— S’il vous plaît, désactivez le champ de force, supplia-t-elle.

Spechdt éleva une objection.

— Prollig devait avoir ses raisons pour arrêter Nordment. Finalement, il est censé être membre des Enfants du Soleil, dit-il.

— C’est absurde. Attakus a monté cette affaire pour me faire arrêter, répondit l’Arkonide.

— Je ne sais pas, dit le chef de la détection.

— Mais moi si. Désactive le champ d’énergie, ordonna Rhodan.

Spechdt suivit ses instructions. Il était devenu clair entre-temps à chacun que Perry Rhodan reprenait maintenant le commandement, puisqu’il était le plus familier des situations de crise.

Après que le champ d’énergie se fut éteint, Rosan se précipita sur son bien-aimé. Elle l’enlaça et s’excusa d’avoir été méfiante au début.

Wyll se renseigna auprès de Rhodan sur leur situation momentanée.

— Il est clair que tu as besoin d’un bon navigateur. Je suis volontaire, fit Wyll.

Rhodan accepta immédiatement.

Il connaissait les capacités de Wyll et lui faisait confiance. Spechdt au contraire n’était pas très chaud.

— Et quels plans as-tu pour moi ? demanda Dannos d’une voix calme.

— Aucun, répondit sèchement Rhodan. Tu restes ici. C’est trop dangereux de te laisser les mains libres, ajouta-t-il.

Dannos eut un ricanement diabolique. Puis il s’assit de nouveau et se mit à méditer. Les autres retournèrent sur la passerelle de commandement.

Rhodan remit à Wyll le commandement du Londres. Sa première tâche était de se diriger vers une planète.

Le vaisseau quitta la ceinture d’astéroïde et se dirigea vers une planète.

Rhodan regardait le soleil jaune du système. Il connaissait ce soleil. Il avait seulement encore besoin d’une confirmation pour sa théorie.

— Nous atteignons une planète rouge, informa Wyll.

— Les détecteurs sont toujours en panne. J’envoie une sonde sur la planète, annonça Spechdt.

Le robot fut expulsé du Londres et il atteignit l’orbite de la planète en quelques minutes.

Les données furent transmises au Londres. Rhodan étudia les prises de vues. Il connaissait bien la surface rouge.

— Mars ! dit-il avec surprise.

Les autres le regardèrent étonnés. Ils avaient une impression incrédule.

— C’est définitivement Mars, insista Rhodan. La sonde peut prendre des échantillons de roches et les comparer avec les banques de données du Londres si vous ne me croyez pas, dit-il.

Sam leva les mains.

— Naturellement, je te crois. Cela signifie que nous sommes dans l’Arresum ? entendit-on dire le Somien.

Rhodan secouait la tête.

— Je ne crois pas.

Son regard tomba sur un petit robot qui se trouvait à la surface. Il ordonna à la sonde de s’approcher plus près. Sur le robot, quelque chose était écrit en terranien :

PATHFINDER

* * *

Sato eut besoin d’un peu de temps pour digérer cette déclaration.

— Mais c’est moi Sato Ambush, Embuscade ! dit vivement le Terranien.

Embuscade éclata de rire. Il alla à la table et prit l’un des fruits. Il mordit dedans avec délectation.

— Mon ami, tu es mort pour ton monde, dit-il. Tu existes maintenant dans mon monde. Et dans ce monde, je suis le Sato Ambush, en conséquence tu es seulement mon imitation.

Ces mots frappèrent très durement le pararéaliste. Il s’assit à nouveau. Il enfouit son visage entre ses mains. La résignation grandissait.

— Aucune raison de pleurer misère, mon frère. Oui, c’est ce que nous sommes – des frères ! fit joyeusement Embuscade.

Il agissait certes toujours très gentiment et poliment, mais d’une certaine manière quelque chose en lui ne plaisait pas à Sato. Son double n’était pas si aimable qu’il prétextait être.

— Et que dois-je faire maintenant ? demanda Ambush perplexe.

Son para-moi s’assit à côté de lui. Il goba le contenu du fruit.

— Hmm, je pense que tu peux m’aider.

— Et comment ?

— Explique-moi quel pouvoir se trouve derrière cette puce cellulaire !

Sato parla à Embuscade de l’Immortel et des porteurs d’activateurs. Il mit longtemps à finir son récit, mais Embuscade écouta avec attention. Il semblait s’intéresser à tous les mots.

Quand Sato eut fini, son para-double dit :

— En conséquence, je suis donc relativement immortel. C’est-à-dire, je suis puissant.

Sato était d’accord. Cependant, il lui indiqua que ce pouvoir devait être seulement utilisé positivement.

— N’ai pas peur, mon frère. J’utiliserai le pouvoir positivement pour moi-même, expliqua l’immortel relatif.

Mais Sato n’aima pas le sous-entendu dans cette déclaration. Cependant, il décida pour l’instant de faire confiance à son double. Il n’avait rien d’autre à faire, puisqu’il était prisonnier sur son monde.

* * *

Quelques années passèrent. Sato ne savait pas exactement combien. Il passa ce temps en méditations et essaya de reprendre le contrôle de son ki.

Ses tentatives échouaient souvent. Mais le petit Japonais ne se laissait pas démoraliser. Il vivait tout le temps dans la cabane et la région environnante.

Dans le monde d’Embuscade, il n’y avait aucune navigation spatiale ou technique grandiose. C’était une existence d’ermite que Sato devait maintenant mener. Mais ses pensées étaient toujours chez ses amis, comme Perry Rhodan, L’Émir, Atlan ou Icho Tolot.

Embuscade avait changé négativement au cours des ans. Peut-être était-ce dû à l’influence de la puce cellulaire.

Embuscade commença à s’intéresser aux choses matérielles et physiques.

Souvent, il plongeait dans un autre para-monde et apportait des bijoux, du howalgonium et d’autres trésors.

Sato lui demandait souvent aussi de l’emmener, mais le » frère » refusait. Il indiquait tout le temps au pararéaliste à quel point il était imparfait, et qu’il vivait seulement par la grâce de son double.

Ambush n’avait pas la force de se rebeller. Il se sentait de loin inférieur à Embuscade. Finalement, ce Sato Ambush avait reçu un activateur cellulaire, mais lui, l’Immortel le lui avait interdit. Cela témoignait réellement de son imperfection.

Le double maîtrisait aussi le ki beaucoup mieux que lui. Mais il l’utilisait négativement.

Un jour, Sato voulut parler avec lui.

— Mon frère, il m’est venu une idée, dit-il.

— Que veux-tu ? demanda Embuscade moins aimablement.

— Tu viens d’un autre univers. Un univers parallèle, de mon point de vue, correct ?

— Oui, cela tu devais déjà le savoir.

— Maintenant, je me demande pourquoi tu ne reviens pas là-bas. voulut savoir Ambush.

Embuscade le regarda étonné.

— Qui est donc si curieux ? dit-il amusé.

— Réponds maintenant à la question, insista Sato.

Embuscade était assis sur une chaise à bascule. Il se balançait de haut en bas en buvant un verre de Vurguzz. Sato Ambush avait renoncé à tout alcool.

Les différences entre ces deux êtres devenaient toujours plus nettes.

— Les immortels n’existent plus dans cet univers parallèle, expliqua-t-il.

— Que s’est-il passé ?

— Et bien, ils ont construit un grand empire, mais il s’est effondré. À la fin ils se sont entre-tués. Je crois que je suis le dernier. Je me suis retiré de l’univers parce que je le tenais pour ennuyeux. Et je dois dire que les autres univers sont beaucoup plus intéressants.

Il se mit à rire. Il jeta le verre et commença à vider la bouteille.

— Mais l’effet de ta puce cellulaire n’est pas rattaché à ton univers ? demanda le Sato normal.

— Cela, je le pensais aussi d’abord, mais il n’en est pas ainsi. Je suis partout relativement immortel. J’ai partout le pouvoir.

Il agita la bouteille de côté et d’autre.

Sato commençait à mépriser cet Embuscade. Bien qu’il soit vraiment son double, ils étaient incroyablement différents. Sato était une personne aimant la paix qui voulait aider les créatures. Embuscade, selon toute apparence, s’en servait au contraire.

— Assez avec ces bavardages. J’ai des choses importantes à accomplir. Ne m’attends pas, dit Embuscade et il plongea avec l’aide du ki dans une autre para réalité.

Sato utilisa le temps pour continuer à travailler sur son ki.

Il craignait qu’il en vienne un jour à une confrontation avec son double négatif, pour cela il devait être préparé.

* * *

Embuscade revint après quelques heures, mais il n’était pas seul. Il amenait deux femmes. Sato put identifier les femmes comme bien terraniennes.

Elles étaient vêtues légèrement et le pararéaliste pouvait s’imaginer d’où Embuscade avait ramené ces femmes.

Tous trois avaient déjà l’air éméché.

— Hé, Satounet ! balbutia Embuscade qui se trouvait manifestement, malgré la puce cellulaire, sous l’influence de l’alcool.

Sato s’approcha des trois personnes.

Embuscade s’adressa aux deux femmes.

— C’est mon petit frère, expliqua-t-il, Satounet II.

Satounet II, quelle humiliation de la part d’Embuscade !

Sato se reprit pourtant.

— Mesdames, dit-il sèchement et il s’inclina à la mode japonaise.

— Salut ! dirent les deux femmes simultanément.

— Bon, bon, maintenant, tu peux retourner au nettoyage. J’ai à travailler, dit Embuscade amusé et il alla avec les deux femmes issues d’une para réalité vers la chambre à coucher.

* * *

Sato travailla toute la nuit sur ses capacités et il commença à nouveau à contrôler son ki. Il ne se risqua à aucun saut dans des para-mondes, mais il estimait qu’il en serait bientôt capable.

Le soir suivant, Embuscade se remit à « plonger ». Cette fois Sato décida de le suivre. Il se concentra et plongea dans un autre continuum. De ce continuum, qui représentait une sorte d’ultravers, il pouvait pénétrer dans n’importe quel univers. Le ki le lui permettait. Aussi grâce au ki, le choc d’étrangeté n’était pas aussi puissant qu’avec les autres.

Sato ignorait cependant encore si le même effet se passerait aussi dans un autre para-monde comme dans son univers. Il avait peur de se dissoudre aussi dans un autre univers parallèle comme il l’avait fait dans sa réalité.

Il fit cependant une tentative. Il put sentir son « frère » et le suivit.

Embuscade plongea dans une trame qui l’amena dans un univers parallèle.

Sato plongea aussi dans cette trame, dans l’espoir qu’Embuscade ne le remarquât pas.

Le passage dans un autre univers était un sentiment étrange, que Sato n’avait plus senti au moins depuis une décennie.

Il se matérialisa dans une ruelle. Sato portait de nouveau son kimono. Le pararéaliste se retourna.

Jusqu’à présent il ne pouvait bien voir où il était. Il décida d’avancer. La région était couverte par des gratte-ciel. Ils semblaient cependant très pauvres.

Sato entendit de la musique. Il regarda dans la direction d’où il croyait l’entendre. Là quelques jeunes Afroterraniens jouaient à un jeu de balle que Sato connaissait comme basket-ball.

En conséquence, il se trouvait bien sur la Terre. La question était seulement : à quelle époque ? Sato se promena dans les rues et observa les gens. Il n’y avait pas d’extraterrestres parmi eux. La mode et les constructions indiquaient aussi que cette Terre datait d’avant Perry Rhodan. Le quartier semblait pauvre et miteux. Sato avait déjà lu quelque chose sur de tels quartiers insalubres. Il y en avait de tels jusqu’aux années 70 du vingtième siècle sur la Terre. Donc avant le temps de Rhodan et de la Troisième Force.

Ces personnes ne correspondaient cependant pas aux descriptions des personnes du 20e siècle. Sato avait beaucoup lu sur cette époque. Les années 60 et 70 étaient considérées comme le « temps des hippies ». N’importe comment, ils se présentaient autrement que les hippies. Dans les livres et les banques de données, il avait entendu parler de gens dans des chemises de fleurs avec de longs cheveux. Les Afroterraniens étaient cependant habillés autrement. De même que les autres personnes. Certains correspondaient toutefois à la mode de ces années 70.

Sato était distrait par ses réflexions quand il découvrit Embuscade. Le double portait un SERUN et était armé d’un désintégrateur léger.

Il tira avec sur la vitrine d’un bijoutier. La vitrine éclata en mille morceaux.

Embuscade frappa le propriétaire et le contraignit à lui remettre toutes les pierres précieuses. Sato fut profondément dégoûté par cette action. Lui-même respectait toujours les lois et s’employait au bien de l’humanité. Mais Embuscade semblait abuser de son pouvoir. Il aimait tourmenter les pauvres gens.

Ambush en avait assez vu. Il décida de revenir dans le monde d’Embuscade.

Là, il attendit quelques heures jusqu’à ce que son « frère » revienne.

Embuscade portait toujours le SERUN et traînait quelques sacs qui venaient probablement de ses « expéditions de pillage ».

Sato se plaça avec les bras croisés devant le para Ambush.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? voulut-il savoir.

Embuscade rit.

— Tu m’as donc suivi, dit-il en ricanant. Je suis un peu déçu par toi. J’aurais pensé que tu récupérerais tes capacités plus tôt. Mais cela témoigne bien de ton infériorité, ajouta-t-il de façon moqueuse.

Sato ressentit ces mots comme des piqûres d’épingle. Embuscade essayait de nouveau de l’humilier, et de mettre en avant sa propre perfection.

— Je suis las de supporter tes humiliations éternelles ! répondit vivement Sato.

— Bien, bien. Si je n’avais pas été là pour toi, tu aurais été naufragé quelque part dans le néant et tu serais mort. Je t’ai sauvé la vie. Sans moi, tu n’es rien !

Ambush savait que le para-moi avait au fond raison, mais cela n’excusait pas le procédé.

— Je t’en suis aussi reconnaissant, Embuscade. Mais cela ne justifie pas ton procédé. Tu ne peux pas utiliser ton pouvoir. Bien que les porteurs d’activateur soient probablement de nature négative dans ton univers, tu ne dois pas non plus réagir ainsi. La puce dans ton épaule t’oblige à quelque chose. Tu dois estimer la vie de toutes les créatures et t’employer pour leurs droits ! rappela le pararéaliste.

Le visage d’Embuscade devint triste. Il enfouit le visage dans ses mains et sanglota. Le corps tremblait. Sato sentait maintenant de la compassion avec son « frère ». Il mit le bras autour de lui.

— C’est bon, dit-il doucement.

Embuscade éclata de rire.

— Poisson d’avril ! cria-t-il et il rit bruyamment.

Sato se résigna intérieurement.

— Ces fourmis m’intéressent comme de la crotte. J’ai le pouvoir de plonger dans différents univers et d’autres temps et cela pour toujours. Je suis un dieu. Pourquoi ne devrais-je pas utiliser ce pouvoir ?

— Parce que c’est injuste.

— Que tu dis. Mais je te fais une proposition. Je te laisse participer. Le deux Sato rendent tous les univers parallèles dangereux. Nous pouvons construire des empires stellaires et les détruire. Posséder en double tous les trésors des univers et des millions de femmes se trouveront à nos pieds. N’est-ce pas une vie formidable ?

Ambush secoua la tête.

— Ce n’est pas la vie après laquelle j’aspire, répondit-il.

— Après quoi aspires-tu alors ? voulut savoir Embuscade.

— Je veux revenir chez moi. Je veux revenir dans ma réalité. Et je crois que seulement toi peux m’aider, expliqua le Japonais.

— Tu as perdu le contact avec ta réalité. J’ai pris ta place. Même si tu retrouves ton monde dans la confusion des nombreux para-univers, tu ne pourrais pas t’y manifester, dit Embuscade.

— Cependant, je peux aussi me manifester dans d’autre univers, objecta Ambush. Pourquoi pas dans mon univers ?

Embuscade se débarrassa de son SERUN.

— Ton étrangeté a changé. Les effets de la faille spatio-temporelle et les influences de Sinta l’ont provoqué. Tu es devenu neutre pour ton univers. Il ne peut plus te saisir correctement. Mais ce ne doit pas être valable pour les autres univers parallèles. Pour certains aussi, mais pas pour tous. Aussi, il semble que ce soit sans espoir. Tu ne reviendras plus jamais.

Sato fut profondément attristé par cette déclaration. Mais Embuscade avait raison. C’était désespéré. Il était prisonnier de ce monde pour toujours. Certes, il avait la possibilité de « plonger » dans quelques autres univers parallèles, mais ce n’était pas la même chose que son propre univers. Il n’aurait plus jamais la possibilité de revoir ses amis.

Embuscade avait raison, Sato devait se résoudre à son destin.

* * *

Quelques années passèrent à nouveau. Sato commença à devenir plus âgé.

Ses cheveux devinrent blancs. Il abandonna la tentative de revenir dans son vieil univers. Il méditait beaucoup et affermissait ses capacités de contrôler de nouveau le ki.

Ambush entreprit seulement quelques excursions dans d’autres univers. Il évitait aussi Embuscade. Ils avaient souvent discuté, mais Embuscade mettait tout le temps Ambush sous pression.

Le Japonais était sans but et déprimé.

Quand il allait dans d’autres univers, il se rendait le plus souvent dans le vieux Japon. Là, il se sentait bien. Même si ça ne le consolait pas de la perte de son monde réel.

À nouveau Embuscade apparut de l’une de ses « aventures ». Cette fois, il avait, comme si souvent, apporté une femme. Mais c’était différent. Elle n’avait pas encore 18 ans. Elle était très belle et attrayante, mais très jeune.

En outre, elle se défendait. Elle essayait de s’arracher à Embuscade.

Sato s’avança vers les deux.

— Encore une nouvelle nymphe ? demanda-t-il sarcastique.

— Ferme-la, lui jeta Embuscade.

Il tira la fille dans la cabane et la jeta sur le lit.

Sato les suivit.

— On dirait qu’elle ne veut pas. En outre, c’est encore une enfant. Laisse la partir, s’il te plaît, Embuscade ! dit le Japonais.

Embuscade ne l’écouta pas. Il essaya d’embrasser la fille, mais elle le mordit à la main. Il la frappa.

Quand il voulut de nouveau lever la main, Sato l’attrapa et empêcha le deuxième coup. Embuscade était furieux.

— Comme oses-tu dire ça, espèce de nabot ! cria-t-il.

Il projeta une décharge psionique sur son double. Sato fut saisi par les énergies et projeté au sol. Il perdit conscience.

Inconscient, il perçut cependant les cris de la fille.

Après environ trente minutes, Ambush se réveilla de nouveau. Les cris s’étaient tus. Il se releva et alla à la chambre à coucher d’Embuscade. Là, la fille se trouvait nue sur le lit. Elle avait les yeux grand ouverts et les bras en croix. Sa bouche était à moitié ouverte. Son cou était parsemé de marques rouges de strangulation. Sato comprit qu’elle était morte.

Embuscade l’avait tuée. Il avait commis un meurtre.

La rage envers son para-moi augmentait de plus en plus chez Sato Ambush.

Il sortit en courant de la pièce. Puis il vit Embuscade qui mangeait quelque chose, assis sur une colline. Sato courut en hurlant sur lui. Il forma aussi de l’énergie-psi et la projeta sur Embuscade qui fut projeté en bas de la colline.

— Tu l’as tuée ! cria Ambush avec confusion.

Embuscade reprit à nouveau le dessus.

— Elle l’avait mérité. Elle ne voulait pas me donner ce que je voulais. Quand elle a fait des difficultés, je l’ai étranglée, et alors ? Ce n’était qu’un insecte. Sa vie était peu importante, dit-il indifférent.

— Tu es un monstre ! hurla le pararéaliste et il projeta une charge supplémentaire d’énergie-psi sur Embuscade.

Celui-ci tomba en gémissant sur le sol.

Puis il se releva de nouveau. La folie et le mépris se lisaient dans ses yeux.

— Si tu veux te mesurer avec moi, alors fais-le. Je te donnerai une bonne raclée ! dit Embuscade montrant les dents.

Il courut dans sa cabane et mit le SERUN. Il s’arma d’un désintégrateur léger et tira sur Ambush. Celui-ci se cacha derrière quelques rochers. Mais Embuscade put partout le trouver.

La poursuite eut lieu sur tout le monde d’Embuscade.

Le pararéaliste pouvait échapper seulement de justesse aux tirs mortels. Il ne lui restait aucun autre choix que la fuite dans le multivers. Là, il avait la possibilité de plonger dans d’autres trames et ainsi échapper à Embuscade.

Sato se concentra tout en cherchant abri derrière un rocher.

— Sors de là, misérable fou, cria le double. Tu n’as aucune chance contre moi. Je serai clément avec toi. Peut-être que je te laisserai la vie, ajouta-t-il arrogant.

Sato n’en croyait cependant pas un mot. Son double était devenu complètement fou au cours des ans.

Maintenant, il ne lui restait que la fuite dans un autre continuum. Sato se dissolva lentement et emprunta le chemin du multivers. Embuscade le poursuivit.

* * *

Les gens les plus importants s’étaient réunis dans une salle de réunion.

C’était Rhodan, Sam, Aurec, Wyll Nordment, Rosan Orbanaschol et Spechdt.

— PATHFINDER ne me dit rien, dut avouer Rhodan. L’US Space Force n’avait envoyé aucune sonde sur Mars. Cela ne peut pas venir non plus des soviets, puisqu’ils auraient écrit le nom en écriture cyrillique, ajouta-t-il pensif.

— Tu considères donc que nous nous trouvons dans le passé de la Terre ? déduisit Sam des explications de Perry Rhodan.

— Correct. Ce serait l’unique conclusion logique. Mars se trouve dans l’Arresum et non plus dans le Système Solaire. Nous n’avons jusqu’à maintenant détecté aucune navigation spatiale dans le système. Tout indique que nous nous trouvons dans le passé, expliqua Perry.

— Mais quand exactement ? voulut savoir Wyll Nordment.

— Je ne sais pas exactement. Je supposais que nous étions avant 1971, donc avant la fondation de la Troisième Force, mais ce PATHFINDER… le robot me déconcerte, avoua Rhodan.

Aurec prit maintenant la parole.

— Et si tu te trompes ou mélanges quelque chose ?

Rhodan lui jeta un regard légèrement méchant.

— Je suis vieux, certes, mais je ne suis pas sénile ! Je sais exactement que nous n’avions envoyé aucune sonde à Mars. Le vol vers la lune était déjà un grand succès pour les gens. Nous n’avions pas alors les possibilités techniques pour voler vers Mars.

Aurec leva les mains pour s’excuser. Puis il se leva et alla à la fenêtre. Il regarda fixement dehors les étoiles. Rhodan voyait qu’il était complètement déprimé. Il n’avait pas encore complètement surmonté la mort de sa famille.

— Nous ferions mieux de voler vers la Terre. Il n’y a que là que nous pourrons obtenir une certitude, dit Sam.

Rhodan était d’accord avec lui.

— Tu as raison. Nous volons vers la Terre, confirma le Camelotien.

Il se tourna vers Wyll.

— Wyll, tu dois amener le Londres en orbite terrestre. Le plus discrètement possible. Ils possédaient alors déjà le radar et les télescopes. Qui sait ce qui peut être encore différent ici. Sois donc prudent s’il te plaît.

Wyll Nordment comprit vite.

— Aucun souci, je le suis déjà, expliqua-t-il.

Puis Wyll, Rosan et Spechdt allèrent sur la passerelle de commandement.

Rhodan, Aurec et Sam restèrent. Le Saggittorien regardait toujours fixement par la fenêtre. Il avait un visage affligé.

Rhodan regarda brièvement Sam, puis il alla vers Aurec et mit la main sur son épaule.

— Je sais combien ça fait mal de perdre des gens qu’on aime. Ça vous consume. On préférerait mourir.

Aurec essayait de retenir les larmes, mais ses yeux devenaient humides. Il se tourna vers le Terranien.

— Je ne peux toujours pas croire qu’ils ne sont plus là. Il y a quelques jours, tout était encore en ordre, mais maintenant ils sont morts. Ils ont été tués cruellement. Et je n’ai pas pu les aider. Je n’ai pas pu leur faire mes adieux, dit le Saggittorien avec la voix larmoyante.

Il essaya de se ressaisir.

Rhodan réfléchit brièvement. Il était difficile de trouver les bonnes paroles.

— Ils seront toujours avec toi. Profondément dans ton cœur, ils continueront à vivre. Tu le sais.

Aurec ne répondit rien.

— Cette raison seule suffit pour continuer, ajouta Rhodan après un instant.

— Je ne sais pas si j’ai la force de continuer. Tout est devenu si absurde, dit Aurec mélancoliquement.

Rhodan fit signe que non.

— Non, ta vie n’est pas absurde. Je connais ce sentiment de tout abandonner. Mais on ne peut pas lui céder ! Tant qu’il y a des êtres qui ont besoin de l’aide, notre vie n’est pas absurde. Tant qu’il y a encore des êtres vivants pour qui cela vaut la peine de continuer, ta vie n’est pas dépourvue de sens !

Ces mots étaient énergiques. Aurec se tourna de nouveau vers la fenêtre.

Il devait penser à Shel. Elle était une raison pour continuer. En outre, il y avait encore le peuple. Il doutait qu’il se sente bien sous la dictature de Dolphus. Il devait sauver sa galaxie.

Il reprit du courage. Quand il se tourna de nouveau Rhodan, le visage exprimait de nouveau l’assurance et l’espoir.

— Tu as raison, mon ami. Il y a encore des choses pour lesquelles cela vaut la peine de continuer. Tu peux à nouveau compter complètement sur moi !

Rhodan sourit.

— C’est exactement ce que je voulais entendre, mon ami saggittorien !

Il le frappa amicalement sur l’épaule.

Sam s’immisça maintenant.

— D’abord, nous devons éclaircir où et quand nous sommes. Puis, nous devons essayer de revenir à notre époque.

Rhodan savait que le Somien avait raison. La situation était compliquée.

Ce vaisseau-piquet étrange les avait projetés dans le passé. Mais ils ne possédaient aucune machine à voyager dans le temps. Ils n’avaient ainsi aucune possibilité de revenir.

La question se posait aussi de savoir qui commandait le vaisseau-piquet.

* * *

Rodrom entra dans la pièce et commença à parler sans attendre.

— Rhodan est coincé dans mon piège. Il est temps que nous ouvrions la chasse.

Son regard tomba sur les cinq combattants. Ils brûlaient de détruire le Terranien. Le Larénian Melsos Berool était le chef du groupe. Il était raffiné et c’était lui qui avait le plus de style. Le représentant le plus puissant de l’unité d’élite de Rodrom était certainement le Policier du Temps Ark Thorn.

Le géant parlait peu. Il restait le plus souvent calme et accomplissait ses ordres. Les autres membres étaient le Ptéru Itzakk, le Hauri Scardohn et le Gys-Voolbeerah Glyudor. Tous faisaient partie de peuples avec lesquels Perry Rhodan était entré en contact. Les Larénians avaient occupé la Voie lactée pour environ cent vingt ans au 36e siècle au nom du Concile des Sept. Mais grâce à Perry Rhodan, ils furent battus et le Concile se brisa. Les Bi-Conditionnés avaient servi les Ulebs. Tout le peuple fut exterminé lors de la bataille dans le Système Solaire en 2437. Les Ptérus perdirent aussi leur domination dans la Sphère de Puissance d’Estartu après que les Terraniens s’en furent mêlés. Les Gys-Voolbeerah avaient aussi affronté les Terraniens ainsi que les Hauris. Tous cinq éprouvaient un grand mépris pour les Terraniens, en particulier pour Perry Rhodan.

Rodrom les avait choisis exactement pour cette raison. Ils possédaient l’agressivité nécessaire pour détruire Perry Rhodan et ses compagnons.

Chacun des cinq se trouvait sous tension. Chacun brûlait de passer enfin à l’action contre Perry Rhodan. Chacun d’eux espérait aussi obtenir la gloire d’avoir tué l’immortel.

Le Rouge parla :

— Vous allez maintenant rejoindre le dolan et franchir notre champ d’énergie. Puis, vous atteindrez la Terre. Là, vous pourchasserez Rhodan et l’abattrez !

Les cinq confirmèrent l’ordre.

— Ce sera un plaisir pour nous ! dit Berool en ricanant.

— Nous l’abattrons ! cria Itzakk.

Tout son corps tremblait d’excitation. Il était prêt à se rendre au combat.

Rodrom se sentait satisfait. Son heure avait sonné. Il pouvait à peine attendre d’amener les restes de Rhodan à son maître.

Les cinq combattants montèrent dans le dolan et traversèrent le champ d’énergie de matière-psi. Il les amena dans l’autre univers et dans l’autre temps.

Leur mission était claire : tuez Perry Rhodan !

* * *

Le Londres activa la protection anti-détection quand il passa la Lune. Il volait très lentement.

Wyll se trouvait sur la passerelle de commandement et dirigeait le vaisseau manuellement. Il se méfiait beaucoup de la syntronique.

Rosan se trouvait à côté de lui et essayait de se familiariser avec les équipements de l’installation radio. Spechdt était assis à la détection et jurait, car celle-ci ne fonctionnait pas de nouveau.

— Nous pouvons seulement scanner dans un rayon d’environ cent mille kilomètres ! expliqua-t-il contrarié.

— Nous ne pouvons rien changer à cela pour le moment. Nous devons nous en satisfaire, dit Wyll.

Spechdt roula les yeux et se concentra de nouveau sur la détection.

— J’ai quelque chose sur l’écran. Quelque chose de grand, dit-il.

Wyll s’y rendit et observa l’écran.

— Qu’est-ce que c’est comme vaisseaux ? voulut-il savoir.

Spechdt secoua la tête.

— Non, ce ne sont pas des vaisseaux. Ce sont des satellites, des télescopes et une station spatiale, répondit-il.

Rosan avait entre-temps informé Perry Rhodan qui arriva vite avec Aurec et Sam dans la centrale de commandement.

— Les satellites et les télescopes n’ont rien d’extraordinaire. Mais il n’y avait sûrement alors aucune station spatiale, dit le Camelotien.

Rosan essayait d’écouter les radiocommunications. Elle fit la grimace.

— Peu de radiocommunications, mais la station émet quelque chose.

Cependant, je ne comprends aucun mot !

Rhodan s’approcha d’elle et écouta la radiocommunication. Il sourit.

— Je te console. Je comprends aussi à peine. C’est du russe. En conséquence, cette station pourrait être une station russe, expliqua-t-il.

Perry écouta un instant la radio et essaya de comprendre quelque chose avec le peu de russe qu’il possédait.

— Apparemment, ils ont quelques problèmes avec les réserves d’oxygène.

Mais ils l’ont sous contrôle. Le nom de la station est Mir.

Rhodan donna l’ordre de rejoindre Mir et de se placer en orbite. Ils continuèrent à écouter les radiocommunications et se branchèrent dans le domaine multimédia de la Terre. Ils regardèrent la télé et firent des recherches dans Internet.

— Assez primitif, fit Wyll.

— Les films me plaisent, dit Rosan en souriant.

Les vingt membres d’équipage s’étaient fait enseigner en hyperformation les langues principales de la Terre. Ils pouvaient parler maintenant cinq langues terraniennes. C’était l’anglais, l’allemand, le russe, l’espagnol et le français. Le temps ne suffisait pas cependant pour assimiler complètement toutes les langues. Ainsi, les trois dernières langues n’avaient pas été inculquées avec tout le vocabulaire.

La mine de Rhodan s’obscurcit quand il découvrit la date exacte à laquelle ils trouvaient.

Juin 1998 !

* * *

— Quelqu’un doit avoir changé le passé ! dit Sam.

— Donc un paradoxe temporel expliqua Aurec.

Rhodan secoua la tête.

— Alors, nous ne serions pas ici. Si quelqu’un avait réellement empêché l’apparition de la Troisième Force, nous aurions été simplement dissous ! répondit Rhodan.

— Pas absolument ! fit le Somien. Et si ce brouillard nous avait protégés du paradoxe ? Tout aurait alors un sens.

Rhodan était toujours sceptique.

— Nous devons aller sur la Terre pour le découvrir. Nous composons une équipe qui va en bas. Moi, Sam et Aurec en ferons partie.

— Je veux venir aussi ! entendit Rhodan dire une voix féminine.

C’était Shel Norkat. Elle oscillait entre l’inconscience et l’état de veille. Les médorobots avaient manifestement pu la stabiliser de nouveau.

Elle alla à Aurec et l’embrassa chaudement. Sam se mit à tousser. Enfin, elle retira ses lèvres de celles d’Aurec.

— Je t’ai regretté, mon chéri, lui chuchota-t-elle dans l’oreille.

— Je ne crois pas que vous nous serez une aide ! dit Sam.

Rhodan fit un geste négatif.

— Nous la prenons. Nous n’avons de toute façon pas la possibilité de faire les difficiles.

Aurec était aussi d’accord. Il avait besoin de la proximité de Shel. Peut-être était-elle la seule à pouvoir l’aider à surmonter la perte de sa famille.

Rhodan remit à Wyll le commandement. Lui et Rosan devaient rester en sécurité à bord du Londres. Rhodan avait un mauvais pressentiment, il voulait savoir le Londres entre des mains capables.

Le groupe fut d’abord habillé à la mode du 20e siècle. Perry Rhodan portait une chemise blanche, des jeans noirs et un veston de cuir brun.

Aurec s’habilla aussi simplement pendant que Shel portait une combinaison provocante d’une jupe courte et d’un haut tout aussi court.

— Nous allons dans une mission spatiale et pas au peep-show ! la rabroua Sam.

Aurec prit l’air furieux. Rhodan intervint à temps.

— Je crois que les femmes portaient quelque chose comme ça. Nous avons à réfléchir à des choses plus importantes. Que faisons-nous avec toi ? Il n’y a ici aucun extraterrestre. Quelqu’un comme toi ne pouvait alors venir que d’un zoo.

— Très spirituel, répondit le Somien. Je porterai une capuche et un fichu devant le bec. Ainsi, personne ne pourra me reconnaître. Il existe des lilliputiens sur cette planète. La mode est très variée en outre. Je ne pourrai donc pas attirer l’attention, ajouta-t-il.

Rhodan hocha la tête en souriant.

Le petit groupe alla dans une Gazelle. La protection anti-détection fut activée. Le vaisseau spatial démarra et vola vers la Terre.

— Nous irons d’abord en Amérique du Nord. Peut-être recevrons-nous là quelques renseignements instructifs, dit-il. Notre premier but sera New York.

La ville était déjà une métropole, dit l’immortel.

La Gazelle se dirigea camouflée vers la ville. Elle atterrit en dehors de New York. La proposition de Sam de débarquer à Central Park fut refusée par Rhodan, car c’était trop dangereux.

Les deux Terraniens, le Somien et le Saggittorien descendirent.

Ils allèrent d’abord dans une ville de banlieue et prirent de là le métro pour arriver dans le centre.

Quand ils se trouvèrent devant le guichet automatique, il vint à l’esprit de Rhodan qu’ils avaient besoin de l’argent.

— Nous devons obtenir de l’argent d’une façon ou d’une autre, dit-il.

Ils revinrent à la Gazelle et se firent amener quelques bijoux avec le transmetteur.

— C’est fourni par la famille Orbanaschol, dit Rosan amusée par intercom.

— Dis leur merci, s’ils se réveillent un jour, répondit Rhodan.

Il était toujours étonné que les passagers fussent encore inconscients.

Ils revinrent en arrière dans la station de métro.

— Oh dieu ! Que c’est sale ici. Ils n’ont aucun robot de nettoyage ? demanda Shel, dégoûtée par l’état du métro.

Rhodan dut rire.

— Ce monde est quelque peu différent de la Terre en 1285 NDG. Dans les années 70, c’était déjà sale. Mais maintenant, c’est devenu encore plus mauvais. Nous devons faire attention. Certaines personnes ici sont dangereuses.

Ils montèrent dans le train quand il s’arrêta. Il était plein et il fut difficile de trouver encore quatre places. Mais ils réussirent.

Sam observait les autres voyageurs.

— Les gens sur Lepso ont l’air encore plus aimable, dit-il.

— Toutes les couches qui existaient étaient mélangées ici.

Malheureusement surtout les pauvres. Les riches ne devaient pas nécessairement emprunter le métro, expliqua Perry Rhodan.

Le train s’arrêta à quelques stations. L’une d’elles était le quartier du Bronx. Là montèrent quelques jeunes de couleur. L’un d’eux était assez grand et lourdement bâti. Il portait une crête d’iroquois blanche. L’autre portait un ghetto-blaster sur son épaule et écoutait du rap très fort.

Ils se mirent devant un vieux couple.

— Hé pépé, pousse-toi de là. C’est ma place, dit le grand.

Il tira un couteau à cran d’arrêt. Le vieux couple se leva aussi vite qu’il le pouvait et céda la place.

Sam secoua la tête.

— Il n’y a aucun agent de sécurité ? demanda-t-il avec confusion.

— Les temps étaient différents alors, expliqua Rhodan à voix basse.

Il essayait de ne pas regarder fixement les trois Noirs.

— Pour les gens de couleur, ces temps étaient particulièrement difficiles, commença-t-il à raconter. Ils étaient discriminés et vivaient principalement dans une grande pauvreté. Ils étaient ainsi bien aigris et la jeunesse devenait agressive, comme nous pouvons le voir ici, ajouta le Terranien.

— Alors, quelque chose n’allait pas dans la société ! dit Sam sur un ton incisif.

Shel non plus ne se sentait pas particulièrement bien.

— Le type me regarde continuellement, chuchota-t-elle à Aurec.

— N’aie pas peur, il ne te fera rien, essaya de la calmer le Saggittorien.

— Sûr ? demanda-t-elle.

Le géant noir se leva et se mit devant Shel.

— Non, répondit Aurec.

— Hé toi ! Tu as l’air chaude. Tu veux venir avec moi aux chiottes ? fit le noir avec la voix haute et un anglais bredouillant.

Shel n’était pas tout à fait sûre d’avoir bien compris.

— Non, merci. Je ne dois pas aller aux toilettes, dit-elle sur un ton aimable.

Le Noir commença à rire.

— Bébé, tu es peut-être blonde, mais sûrement pas si idiote. Hé man, je vais m’occuper de toi.

Maintenant, elle comprenait.

— Ça me fait de la peine, je suis déjà prise, expliqua-t-elle et elle tint la main d’Aurec.

— Avec le zéro ? Il n’a rien dans la caisse ! hurla l’homme de couleur.

Aurec se leva.

— Écoute. Je suis le chancelier légal de la république de Saggittor, dit-il.

— Ça se trouve en dehors de New York ? demanda ébahi l’homme du Bronx.

Aurec secoua la tête et s’assit de nouveau.

Sam se leva.

— Ce serait mieux si tu lisais un livre sur Sigmund Freud ou Albert Einstein. En outre, il serait conseillé d’acheter de meilleurs habits et ton choix de musique est pitoyable, fit le Somien.

De nouveau, le noir sembla complètement ahuri.

— Qu’est-ce qu’il y a avec la saucisse ? gargouilla-t-il.

Il frappa Sam. Rhodan avait déjà activé son paralysateur. La conversation prenait un tournant dangereux. Les autres passagers de la rame gardaient une grande distance avec les événements.

Le géant saisit le Somien et lui arracha le tissu de la tête. Ses yeux s’élargirent d’eux-mêmes quand il vit le visage du Somien.

— Et bien, surpris ? demanda Sam et il remit vite la capuche sur la tête avant qu’un autre ne le voie ainsi.

Le Noir cria très fort. Il chancela en arrière et tomba à terre. Il criait toujours. Puis il courut vers ses compagnons.

— Un dindon parlant ! cria-t-il.

Le métro s’arrêta et le gros se précipita dehors avec ses amis.

Les autres passagers ne se souciaient plus de cela.

— Un dindon, répéta Sam. Mais non, un aigle de mer américain. Le type habite ici et ne connaît même pas les armoiries de son pays, ajouta-t-il.

Rhodan dut rire.

Puis, il redevint sérieux.

— Vous voyez, les gens ici sont imprévisibles. Soyez donc prudents.

Le métro s’arrêta au centre de la ville – Manhattan.

— Wow, la statue de liberté se trouvait déjà là, s’étonna Shel.

— Je propose que nous nous séparions, dit Rhodan aux autres. Nous cherchons des sources d’information, si l’un de vous trouve quelque chose, qu’il nous informe par intercom. Nous formons deux groupes. Sam et moi ainsi qu’Aurec et Shel, dit-il.

Les deux groupes se séparèrent.

Rhodan et Sam rendirent visite à la grande bibliothèque. Les gens s’étonnèrent peu de la forme étrange de Sam.

Ils s’assirent à un ordinateur avec l’accès à Internet.

— Microsoft Internet Explorer 4.1, murmura Rhodan. Que c’est primitif, ajouta-t-il en souriant !

Ils essayèrent de se procurer tous les renseignements sur Perry Rhodan.

Ils finirent par trouver.

Ils trouvèrent un article dans un journal de 1944. Une famille décède dans un accident de voiture. Cette famille s’appelait Rhodan. Lors de l’accident de voiture, Jake, Mary, Deborah et Perry Rhodan sont morts de manière tragique, lut-il à voix basse. Jake et Mary Rhodan étaient en permission et voulaient se rendre à la ferme de leur oncle avec leurs deux enfants Perry et Deborah. La voiture s’est écartée de la route lors d’une tempête et d’une pluie violente et s’est renversée plusieurs fois avant d’exploser, ajouta Rhodan avec la voix tremblante.

Sam pouvait parfaitement le comprendre. On ne lit pas avec détachement l’annonce de sa propre mort. Le Camelotien s’épargna le reste de l’article. Il regardait fixement le sol avec confusion.

— Mais Debbi est morte en 1941, se contenta-t-il de dire.

— Ta sœur ? demanda Sam.

— Oui, elle était encore jeune. Maman l’avait laissée jouer seule dehors.

Elle avait oublié de fermer la porte de la clôture. Debbi a couru alors dans la rue et a été écrasée par une voiture. J’ai fait alors à maman de grands reproches et je n’ai jamais pu lui pardonner totalement qu’elle ait été si inattentive et que ma petite sœur soit ainsi morte.

Sam ne savait pas exactement quoi dire. Rhodan avait une impression très abattue. Les vieux souvenirs lui revenaient. En outre, il était choqué de voir qu’il était mort à l’âge de huit ans.

— Il y a une autre aberration avec mes parents. Ils étaient à la guerre et n’avaient certainement aucune permission à cette date. Je vivais alors chez mon oncle Karl, expliqua-t-il.

— En conséquence, le passé a été changé. Ce qui attire mon attention est que ta prétendue mort a eu lieu un an avant ton premier contact avec l’Immortel. Peut-être était-ce justement voulu, fit le Somien.

Rhodan ne connaissait pas la réponse à ces questions. Il se ressaisit. Il chercha d’autres amis. Cela dura des heures pour fouiller tous les noms. Il trouva l’adresse de Reginald Bull. Il vivait à Las Vegas. Il trouva aussi l’adresse d’Allan D. Mercant.

— C’est ici tout à côté. Une banlieue de New York. Je propose que nous rendions visite à Mercant. Peut-être pourrons-nous découvrir quelque chose chez lui. Il est probablement à la retraite, dit Rhodan.

Les deux se mirent en chemin vers l’ancien chef de la Défense Solaire.

* * *

— Tu ne m’échapperas pas, entendit Sato dire une voix.

Elle sonnait comme celle d’un fou. Le pararéaliste portait un SERUN et se déplaçait à l’aide du pouvoir du ki dans le multivers. Il essayait de se cacher dans des chemins parallèles, mais Embuscade pouvait le trouver tout le temps. Une fois, il arriva très près de Sato et lui tira dessus avec la technologie du SERUN.

— J’ai dit qu’il n’y avait aucune issue. Tu es fini ! Embuscade riait, certain de la victoire.

Il ne faisait maintenant plus aucun doute que le double d’Ambush était complètement fou. Sato pouvait vraiment sentir la malignité de son adversaire.

Il avait des frissons dans le dos en pensant qu’Embuscade était lui-même.

Juste un Sato Ambush d’un autre univers parallèle.

Des éclairs fusèrent au-dessus de la tête de Sato. Il tressaillit. Bien que le SERUN puisse le protéger de ces éclairs, Ambush avait pourtant peur.

De nouveau, il plongea dans une trame. Le tunnel dans lequel il se trouvait était gris et sombre. Quelques éclairs verts traversaient le tunnel. Puis il sortit et se retrouva sur un monde.

Le monde était de type terrestre. Il était éclairé par un soleil jaune et il faisait très chaud. Sato plana en haut d’une colline et vit une grande forêt au-dessous de lui. Par-derrière un rassemblement de créatures se préparait à quelque chose.

Là, il devint témoin d’une grande bataille. Des milliers de créatures se mirent en marche. Elles faisaient peut-être deux mètres de haut en moyenne et étaient humanoïdes. Elles possédaient seulement un œil et ressemblaient à des cyclopes, elles étaient aussi habillées de la même façon. Leurs armes se composaient d’épées, de flèches et d’arcs. La lutte fut sanglante et cruelle. Les créatures procédaient avec une brutalité qui était courante pour de tels peuples primitifs.

Aucune ne faisait attention à Ambush. Il planait lentement avec son SERUN au-dessus de la scène. Au-dessous de lui un des cyclopes fendit la tête d’un autre en deux. Le cerveau gicla littéralement dehors quand la hache fendit la calotte du crâne.

Mais ce cyclope ne vécut pas plus longtemps. Un autre le frappa avec l’épée à la jambe droite. Le colosse tomba à terre et fut transpercé de lances par trois autres.

Sato n’eut plus à penser et s’émouvoir de l’horreur, car Embuscade apparut.

Il tira avec les armes thermiques du SERUN sur Sato. Celui-ci descendit un peu pour se cacher dans le tumulte de la bataille. Embuscade tira sur Sato sans considération pour les indigènes. Mais Ambush put échapper aux rayons pendant que certains cyclopes étaient complètement brûlés par les rayons ardents. Sato ordonna au picosyn d’accélérer. Il se déplaçait maintenant à une vitesse de plus de 300 km/h au-dessus de la masse. Embuscade entama la poursuite. Il activa son écran paratronique et fila à travers les combattants. Le SERUN traversa les créatures comme du beurre. Ils brûlèrent au contact de l’écran paratronique et Embuscade put poursuivre sa victime sans complications.

Sato décida maintenant de passer à l’offensive. Il avait aussi déjà activé l’écran de protection. Il sortit un désintégrateur de sa poche latérale et vola vers les montagnes. Il choisit plus particulièrement d’étroites gorges pour rendre à Embuscade la poursuite aussi difficile que possible.

Intentionnellement, il réduisit la vitesse. Son para-double se rapprochait toujours plus. Quand les deux furent éloignés seulement de dix mètres l’un de l’autre, Sato tourna dans une gorge étroite d’un mètre de large. Embuscade reprit le pararéaliste sous son tir. Sato vit sur la gorge un morceau de roche. Il tira dessus avec le désintégrateur et le morceau commença à dévaler la pente.

Il provoqua ainsi une petite avalanche qui s’abattit sur la gorge. Sato Ambush réussit à sortir à temps de la gorge, mais les morceaux tombèrent sur Embuscade surpris et l’enterrèrent.

Ambush n’était pas sûr que cela suffise pour vaincre Embuscade. Il en eut la certitude quelques secondes plus tard. Embuscade se rua hors des débris et rentra dans Ambush. Le pararéaliste tomba à terre en gémissant et dévala une pente. Embuscade vola vers le lieu où le pararéaliste étourdi se trouvait.

Son casque avait percuté une dure pierre. La visière de protection du casque s’était brisée. Un petit champ d’énergie s’était formé entre le visage d’Ambush et la visière de verre pour empêcher qu’il ne se blesse. Un dispositif supplémentaire éliminait les échardes de verre. Tout cela se passa en quelques secondes. Ambush ne saisit pas tout de suite ce qui se passait.

D’abord lentement, il put s’orienter de nouveau. Il regarda en haut. La première chose qu’il vit fut Embuscade. Il avait mis les mains sur les hanches.

Un large sourire était reconnaissable sur son visage. Il tira avec le désintégrateur, mais Ambush eut la présence d’esprit de bondir. Il porta à Embuscade un coup de pied douloureux dans la région de l’estomac. Il prit ensuite une pierre et frappa avec sur la visière d’Embuscade quand il remarqua qu’il n’avait pas activé l’écran de protection. Les deux luttèrent maintenant avec des arts martiaux. Ils s’affrontèrent rudement avec des prises de judo.

— Tu ne pourras jamais me tuer, cria Embuscade.

Ambush ne répondit pas.

— Tu es dépendant de moi. Sans moi tu n’es qu’un morceau de crotte ! cria encore le fou.

Les deux luttaient avec la technique de combat orientale du karaté. Ils parèrent plusieurs coups du tranchant de la main et des coups de pied.

Embuscade appuyait chaque action avec un cri. Il donna un coup de pied latéral, mais Ambush se pencha et put projeter Embuscade au sol avec une prise à la jambe. Les deux luttaient au bord d’un abîme. Ambush frappa plusieurs fois la visière d’Embuscade. Le para Ambush perdit l’équilibre et tomba dans l’abîme.

Ambush vit un flamboiement qui l’aveugla presque. Il connaissait bien ce flamboiement. Vite, le Japonais courut en bas de la pente et regarda le sol où aucun corps brisé ne se trouvait.

Embuscade avait pu se sauver à temps en plongeant dans un autre paramonde.

Le combat n’était pas encore décidé, mais la chance avait tourné. La proie avait désormais les cartes en main. Maintenant, Sato Ambush était le chasseur.

* * *

Les deux hommes louèrent une voiture et se dirigèrent vers les faubourgs de New York. Perry Rhodan avait visiblement du mal à conduire correctement le véhicule. À son regret, il avait emprunté un véhicule sans conduite automatique. Il s’emmêlait souvent avec le changement de vitesse.

Sam l’étudia du regard.

— Je pensais que tu avais vécu à cette époque, dit-il.

— Ça fait un moment que je n’ai pas conduit une voiture, s’excusa Rhodan avec un léger rire.

Après environ deux heures, ils atteignirent la banlieue.

— Dieu soit loué, jura Sam quand il descendit de la voiture. Rien ne vaut un glisseur confortable qui plane à un mètre du sol, ajouta-t-il.

Perry dut rire fort.

— J’ai trouvé ça amusant, dit le Camelotien.

Ils allèrent jusqu’à l’immeuble. Sur celui-ci se trouvait marqué « Paix de l’âme ».

— Un nom étrange, dit Rhodan.

Ils entrèrent dans le bâtiment et atteignirent la réception. Là se trouvait une femme obèse dans une blouse blanche. Elle avait lié ses cheveux bruns en natte.

— Excusez-moi s’il vous plaît, commença Rhodan.

— Quoi ? lui cria-t-elle dessus.

Elle se retourna et alla vers une cafetière automatique. Elle se versa lentement la boisson noire et vida d’abord une fois sa tasse avant de s’adresser à nouveau à Rhodan et Sam.

— J’aimerais parler à monsieur Allan D. Mercant, poursuivit Perry Rhodan.

— Un moment, répondit la femme peu aimablement.

Elle feuilleta quelques fiches.

— Vous êtes des amis ? Je ne vous ai encore jamais vus ici.

— Nous étions de bons amis. Mais nous vivons plutôt loin. Dans le désert de Gobi, expliqua Rhodan disant à moitié la vérité.

— Arabe donc, fit la femme.

Rhodan lui adressa seulement un sourire incompréhensif et préféra ne pas informer la femme sur son erreur géographique.

— Chambre 179. Vous avez 30 minutes, dit-elle sèchement.

Rhodan la remercia et partit avec Sam. Ils voulurent prendre l’ascenseur puis ils entendirent crier la réceptionniste que l’ascenseur était en panne.

— Nous prendrons alors l’escalier, dit Rhodan un peu désappointé.

La chambre 179 se trouvait à l’un des étages supérieurs.

Ils allèrent dans la chambre où un homme se trouvait dans une corbeille pour chiens. Rhodan et Sam le regardèrent ahuris.

— Allan ? demanda Perry à voix basse.

L’homme dans la corbeille sursauta. Il était attaché à une chaîne et se trouvait dans une camisole de force. Il sauta de la corbeille et marcha à quatre pattes vers ses visiteurs. Il les renifla et se mit alors à aboyer.

Les yeux de Rhodan et Sam s’élargirent quand ils entendirent le « ouaf, ouaf ».

— C’est le légendaire Allan D. Mercant ? demanda Sam incrédule. Ce malade ? ajouta-t-il.

Rhodan secoua la tête.

— Non, ce n’est pas Allan D. Mercant. L’homme est beaucoup trop jeune.

Mercant est né en 1916, il devrait donc avoir 82 ans maintenant.

À ce moment, un médecin se précipita à l’intérieur.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? voulut-il savoir.

— Nous cherchons Allan D. Mercant, expliqua Perry.

— Il n’est pas dans cette chambre comme vous pouvez le voir, répondit le médecin sèchement.

L’homme malade qui se tenait pour un chien haleta et se dressa devant le docteur. Celui-ci sortit un biscuit et le donna à l’homme-chien. Alors, celui-ci marcha à quatre pattes vers Perry Rhodan et leva la jambe. Un liquide jaunâtre devint visible sur le pantalon.

Rhodan resta muet face à la situation. Il ne savait pas s’il devait rire ou éprouver de la compassion.

— Couché ! dit Rhodan.

Cela lui était manifestement désagréable. Le médecin donna une tape sur les fesses du malade qui s’assit à nouveau.

— Allez, hop ! dans la corbeille, ordonna-t-il.

Le malade commença à gémir et se coucha de nouveau dans le panier.

Rhodan et Sam étaient apparemment confus.

— Revenons à la réception, dit Rhodan lentement.

Les deux descendirent les escaliers de nouveau.

La femme téléphonait justement à une amie. C’était une conversation futile. Elle critiquait une voisine et racontait les nouvelles » chaudes » d’un prétendu amant de la voisine.

— Pardon, commença à dire Rhodan avec hésitation.

— Quoi ? demanda-t-elle peu aimablement. Un moment, Anne. Ici, quelqu’un me dérange. Monsieur Rhoman ou qu’importe comment vous vous appelez, je suis très occupée en ce moment, expliqua-t-elle avec une dure intonation.

Rhodan roula les yeux.

— Vous nous avez donnés un faux numéro de chambre, expliqua-t-il légèrement irrité.

— Ah bon. Hum, la chambre 197, je disais donc, rouspéta-t-elle.

— Non, vous aviez dit la chambre 179, se mêla Sam.

— Bien, bien, bon, je pensais 197. Maintenant vous y allez, vous avez seulement 30 minutes. J’ai encore à faire !

Rhodan soupira profondément. Lui et Sam grimpèrent les escaliers jusqu’à ce qu’ils atteignent la chambre 197. Par précaution, ils demandèrent à une autre infirmière si c’était la chambre d’Allan D. Mercant. Elle le confirma.

Rhodan et Sam entrèrent. Un vieil homme était assis dans une chaise basculante et se balançait d’arrière en avant.

— Allan ? demanda Perry à nouveau calme.

L’homme dans la chaise basculante tourna sa tête de côté et regarda les deux visiteurs.

— Qui… qui… êtes-vous ? demanda-t-il d’une voix rugueuse.

— Je suis Perry Rhodan.

— Bonjour monsieur Rhodan. Que puis-je faire pour vous ? Êtes-vous du FBI ou de la CIA ?

— Ni l’un ni l’autre. Je suis de la Troisième Force.

— La Chine ?

— Non ! Ne te souviens-tu plus de la fondation de la Troisième Force ? Des Arkonides, de Galactopolis, des Voleurs d’âmes ? demanda Rhodan tristement.

— Non, vous venez de la NASA ? Cela a un rapport avec la Zone 51 ? Je n’ai pas le temps pour le moment. Je dois aller à Sarajevo, là une mission secrète m’attend.

Rhodan fronça les sourcils.

— Je croyais que tu étais à la retraite ?

Le visage de Mercant tressaillit d’excitation. Il se leva et prit ses béquilles.

— Qu’est-ce qui vous prend ? Je suis encore à des décennies de la retraite.

Faites-moi le plaisir de partir ! cria-t-il.

Rhodan comprit que Mercant était dans cet établissement parce qu’il croyait qu’il travaillait toujours pour les services secrets.

— Viens Sam, nous y allons. C’est du gaspillage de temps, dit-il amèrement.

Puis il se tourna encore vers Allan.

— Tout de même, c’était bien de te revoir encore une fois.

Il sourit au vieil homme qui ne comprenait pas ce que disait Rhodan.

Les deux quittèrent la « Paix de l’âme » et retournèrent à Manhattan.

Rhodan était manifestement déprimé.

Il était clair que la Troisième Force n’avait jamais existé dans cet univers.

Perry avait appris ce que serait devenue l’humanité sans sa direction. Il n’était pas particulièrement enthousiasmé par cette alternative.

Les deux allèrent d’abord manger quelque chose dans un centre commercial. Ils se commandèrent deux hot-dogs dans une buvette.

— Au moins, les hot-dogs avaient un meilleur goût alors, fit Rhodan qui mordait avec délectation dans le petit pain avec la saucisse.

Il n’en crut pas ses yeux quand un homme en costume gris et cravate se commanda aussi un hot-dog. L’homme avait environ 30 ans. Perry le reconnut immédiatement. C’était Julian Tifflor. Il était prêt à lui parler, mais cela n’avait aucun sens. Julian Tifflor ne connaissait aucun Perry Rhodan dans cet univers.

Tifflor disparut de nouveau entre les masses humaines.

Rhodan secoua la tête.

— Je veux revenir chez nous ! dit-il à voix basse à Sam.

* * *

— Wyll, Wyll ! cria Spechdt.

Il arriva en courant dans la centrale de commandement, complètement essoufflé. Wyll Nordment se tourna vers lui.

— Qu’y a-t-il ? voulut-il savoir du chef de la détection.

— Ullrich Wakkner est parti ! expliqua le Terranien.

— Qui ? demanda Wyll irrité.

— Ullrich Wakkner. Un banquier maigre ennuyeux. Il est parti avec une petite chaloupe pour la Terre.

Wyll put se souvenir de l’homme. Quand lui et Holling saluaient les passagers sur le Londres, il était aussi là et se renseignait sur sa cabine.

Quelques jours plus tard, il était aussi assis à la table de capitaine.

— Mais le type donnait une impression si insignifiante. Nous devons informer Perry Rhodan.

Il alla au terminal hypercom et essaya de joindre le Camelotien. Mais Wyll ne passa pas. Quelque chose bloquait l’émission.

— Merde, d’étranges interférences interdisent l’émission.

Wyll mit les bras sur les hanches et réfléchit. Quand Rosan arriva dans la centrale, il l’informa de la situation.

— Nous n’avons pas d’autre choix que de le suivre. Si les hommes apprennent que nous sommes ici, nous aurons moins de chance de découvrir dans le calme comment revenir. Je pars avec une chaloupe pour la Terre le chercher, déclara Nordment.

— Et je viens avec toi ! dit fermement Rosan, décidée.

Wyll fit un geste négatif.

— Non, Rosan. C’est trop dangereux, refusa-t-il.

— Et alors ? Tu as besoin de l’aide, seul tu ne le trouveras peut-être pas.

Tu ne vas pas contredire une aristocrate arkonide ?

Wyll réfléchit brièvement. Il ne voulait pas la heurter. Ce n’était pas si dangereux que ça de rechercher le Terranien Ullrich Wakkner.

— Très bien. Tu peux venir, dit-il avec un léger soupir.

Rosan sourit.

— Je n’aurais pas accepté une autre réponse.

Wyll fit d’abord localiser la capsule.

— Wakkner s’est dirigé vers l’Europe. Plus exactement en Allemagne du Nord, dans une région qui s’appelle l’Holstein oriental. Selon le scanner, il a aussi emporté un ordinateur syntronique, déclara Nordment.

— Mais que veut-il en faire ? demanda Rosan.

— Aucune idée. Mais nous allons le découvrir. Nous devons nous habiller avec des affaires du vingtième siècle pour ne pas attirer l’attention. Ensuite nous partirons. Spechdt, tu restes en orbite. Essaie de joindre Perry Rhodan.

Le chef radio hocha la tête. Il leur souhaita à tous deux beaucoup de chance. La capsule partit après qu’ils se soient habillés à la mode du vingtième siècle et aient pris de l’argent, dans ce cas des marks allemands.

Ils activèrent la protection anti-détection et se dirigèrent vers l’Holstein oriental.

* * *

Le dolan jaillit à la vitesse de la lumière du portail qui constituait la liaison entre les deux univers.

Il passa devant la petite station de Rodrom qui était occupée par des Kjolliens et atteignit le Système Solaire.

Ark Thorn fit scanner le système. Son Exécuteur annonça que le Londres se trouvait sur l’orbite de la Terre.

Melsos Berool nota cette nouvelle avec un léger sourire.

— Je pense que nous devrions rayer le Londres du ciel. Avec le choc d’étrangeté que la majeure partie de l’équipage a dû supporter, ce devrait être une bagatelle de tirer sur le vaisseau. Ark Thorn, acquitte-toi de tes fonctions.

Le Bi-Conditionné émit un son qui ressemblait à un rire.

Le dolan se dépêcha vers la Terre. Après seulement quelques minutes, il atteignit Mars.

— L’Exécuteur parle d’une petite sonde qui se promène par là, déclara Thorn.

— Tirez ! cria Itzakk.

— Non. C’est du menu fretin. Concentrons-nous sur le Londres, fit Berool.

Le dolan poursuivit son vol et atteignit la Lune.

— Devant nous se trouve une station spatiale terranienne ou quelque chose de ce genre, dit Thorn.

— Sur l’écran ! ordonna le Larénian.

La station fut montrée sur l’écran. Berool dut rire.

— Que ces Terraniens étaient alors primitifs ! Une telle chose ne pourrait même pas servir aujourd’hui comme des toilettes spatiales !

Les autres rirent aussi.

L’Exécuteur pour la navigation conseilla un changement de route, sinon on heurterait la station spatiale.

Thorn décida de ne pas changer de route.

Le dolan se rua sur la station spatiale du nom de Mir et la heurta. L’écran paratronique ne vacilla pas une fois. Mir se brisa en mille morceaux. Pour l’équipage de la station spatiale russe, tout vint à l’improviste. Ils n’eurent aucune possibilité d’échapper à la fin.

Les cinq combattants de Rodrom s’en s’amusèrent bien. Itzakk au contraire semblait déçu. Il aurait préféré qu’ils aient abordé la station et massacré l’équipage homme par homme.

— Nous nous consacrons maintenant au Londres. Perturbe les radiocommunications, au cas où quelqu’un d’eux se trouverait sur la planète, ordonna le Larénian.

Le dolan s’approcha à grande vitesse du Londres.

— Spechdt ! Un astronef étranger s’approche de nous ! dit l’un des hommes dans la centrale.

Le chef de la détection qui était maintenant aussi le commandant du Londres, tout au moins tant que Perry Rhodan et Wyll Nordment restaient sur la Terre, commença à prendre peur.

Il purent voir sur l’écran de détection comment Mir fut détruit.

— Ils ne veulent pas certainement venir boire le thé avec nous. Nous nous dirigeons vers un autre système, décida-t-il.

Les autres le regardèrent.

— Mais Rosan et Wyll sont partis il y a juste cinq minutes et Rhodan est encore sur la Terre. Nous ne pouvons pas les laisser simplement en bas, objecta quelqu’un.

— Nous n’avons aucun autre choix. Nous reviendrons. Essaie de leur laisser un message. Envoie un robot TARA V sur Terre. Il doit les informer que nous revenons dans deux jours.

Les hommes de Spechdt exécutèrent les instructions. Le Londres partit alors à la vitesse de la lumière et disparut du Système Solaire.

Thorn se tut quand cela se produisit.

— Le Londres est passé en vitesse lumière ! cria-t-il.

— Quoi ? Entame la poursuite ! ordonna Berool.

— Non ! objecta Scardohn. En voilà quelques-uns avec notre étrangeté sur la Terre. Quatre… non, sept personnes, informa le Hauri.

— Rhodan est là aussi. Atterrissons à proximité et coinçons-le. Nous servirons la tête de Rhodan à notre maître sur un plateau en argent avec une pomme dans la bouche, rit Berool.

Le dolan activa sa protection anti-détection et descendit vers la Terre.

— Je localise trois Galactiques sur le continent Europe et quatre Galactiques sur le continent Amérique, plus exactement en Amérique du Nord, les informa le Policier du Temps.

— Très bien, nous volons vers l’Amérique du Nord et nous occupons de la partie plus importante. La chasse entre maintenant dans la phase décisive.

* * *

Ullrich Wakkner atterrit assez doucement avec la capsule dans une forêt près de la ville d’Eutin. Eutin était le chef-lieu de district de l’Holstein oriental. Elle avait approximativement trente mille habitants.

Wakkner prit la lourde syntronique et put se traîner jusqu’au plus proche arrêt de bus. Il s’était aussi procuré de la « monnaie étrangère », des marks allemands, sur le Londres. La fabrication était accomplie par un ordinateur syntronique. L’argent avait à 99,9 % l’air et la structure de l’original.

Wakkner alla à Eutin en bus.

Pour lui, tout était visiblement désagréable. Comment peux-tu ainsi te comporter avec les gens du Londres ? se demandait-il. Mais il connaissait aussi la réponse. Gloire, pouvoir et reconnaissance. Il ne voulait plus être simplement contrôleur de données à la Caisse Galactique, il voulait diriger une banque. Il ne voulait être pas un employé compétent insignifiant, mais le président.

À l’aide de cette syntronique, il pouvait faire d’une banque déterminée une des premières du monde. La syntronique pouvait calculer les virements, les paiements, les versements, le flux d’épargne sans erreur en quelques secondes. La banque serait alors en mesure de servir plus vite les clients. En outre, elle pourrait économiser du personnel.

Ullrich Wakkner était sûr qu’il recevrait pour cela un poste à la direction et, avec un peu de chance, pourrait s’emparer de la banque.

Il avait choisi le Holstein oriental parce que c’était son pays natal. Il vivait sur Terre en 1285 NDG à Timmendorfer Strand.

Wakkner avait le choix entre trois banques de renom. Il se décida pour le prédécesseur direct de la Caisse Galactique.

Le bus atteignit la gare d’Eutin. De là, il fallait seulement quelques mètres jusqu’à la banque qui avait comme emblème un S rouge avec un point.

Wakkner alla à l’information où une femme obèse était assise. Elle tapait sur un ordinateur.

— Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle à la limite de la politesse.

— Bonjour, mon nom est Ullrich Wakkner. Je voudrais parler avec la direction. C’est très important, murmura le banquier.

— Vous avez un rendez-vous ? demanda la femme.

— Non, mais…

— Alors, je ne peux rien faire pour vous. Messieurs Deichert, Fross et Kufel sont des personnes très occupées. Je pourrais demander au maximum si messieurs Schermanski ou Gaiser ont le temps pour le moment, dit la grosse femme.

Elle appela le représentant de la direction. Deux minutes plus tard, l’homme arriva.

Il tendit la main à Wakkner et le regarda. L’expression de son visage en disait long.

— Bonjour, mon nom est Ingo Hannes Schermanski. Je suis le chef de service de la direction. Que puis-je faire pour vous ?

Wakkner se redressa fièrement.

— Et bien, je crois plutôt que c’est moi qui peux faire quelque chose pour vous et votre banque, dit-il en souriant.

* * *

Wakkner présenta la syntronique à Schermanski et Gaiser. La syntronique calcula si ceux qui prenaient différents crédits étaient aussi en situation de rembourser les dettes, les formules d’intérêt les plus différentes, établit les factures et les virements.

Schermanski et Gaiser restèrent interdits pour quelques minutes.

Schermanski alla alors au téléphone et appela la secrétaire de Deichert. Il dit que les trois membres de la direction devaient venir le plus vite possible dans le bureau.

Trois hommes, tous de plus de cinquante ans et habillés des meilleurs costumes-cravates sur mesure, entrèrent dans la pièce.

Uwe Deichert était le président de la direction. Il semblait un peu irrité.

— De quoi s’agit-il, monsieur Schermanski ? J’étais juste en train d’établir un nouveau record de Tetris ! dit-il brusquement.

Schermanski démontra à la direction les capacités de la syntronique.

Fross et Kufel semblaient sceptiques.

— C’est tout de l’utopie ! dit Fross qui était le plus âgé de la direction.

La mine de Deichert, au contraire, ne montrait aucun assombrissement.

— Je suis stupéfait ! Cet ordinateur, ou quoi que ça puisse être, représente une mine d’or pour notre maison ! déclara-t-il.

Fross refusait toujours encore. Mais Kufel manifesta aussi de l’intérêt.

— Mes chers collègues, avec un tel… syntron… nous pouvons économiser incroyablement beaucoup d’argent. Avec les établissements des factures, nous pourrons économiser pratiquement tout le service des bilans et de l’économie des entreprises. Nous pouvons économiser incroyablement beaucoup de personnel, expliqua Kufel.

— Mais depuis notre management Qualité, les projets doivent être estimés selon l’image de marque de notre maison, les licenciements de masses pourraient agir négativement sur notre image de marque, objecta Fross.

— Ça ne pèsera aucun poids avec l’amélioration de l’efficacité de nos services, riposta Kufel.

Deichert s’en mêla aussi.

— Qu’exigez-vous pour cela, monsieur Wakkner ?

Ullrich Wakkner s’était assis entre-temps dans le fauteuil de Schermanski. Il se fit amener par la secrétaire de Deichert un verre de champagne. La gracieuse femme lui apporta la boisson sur un plateau. Il but lentement et avec délectation le liquide gazeux avant de répondre à la question de Deichert.

— Je voudrais faire partie de la direction de la banque. Je voudrais le pouvoir, la gloire et la reconnaissance. Avant que vous disiez que c’est impossible, réfléchissez que si je vais à la concurrence avec cela, vous pourrez remballer. Si on met un syntron dans les bureaux ou dans chaque village, il serait en mesure de servir les clients vite et sans problèmes. Il ne pourrait faire aucune erreur en octroyant des crédits. C’est votre chance.

Tout ce que j’exige, c’est la présidence de toutes les banques avec le S. Mais je commence par celui en minuscule, dit le Galactique en souriant.

Il était complètement étonné de lui-même. Plus tôt, il n’aurait jamais osé faire quelque chose comme ça, mais c’était exactement ce qu’il était maintenant en train de faire. Une telle occasion ne se présenterait plus jamais de nouveau dans sa vie. Donc, il devait agir ainsi. Dans son inconscient, il avait toujours des remords à cause du Londres. Il était moins conscient qu’il causait aussi un paradoxe temporel. Cependant, cela lui était finalement égal, car il voulait mener une meilleure vie. Il voulait posséder suffisamment d’argent, que les femmes le trouvent attractif, qu’il ne doive plus jamais aller le matin en bus au travail, que les gens le regardent avec respect et non avec mépris.

Les trois membres de la direction réfléchirent longtemps. Fross était contre alors que Deichert et Kufel étaient pour.

Puis le président de la banque parla :

— Monsieur Fross est prêt à laisser son poste pour vous. Vous devenez ainsi pour l’instant mon représentant. Nous verrons plus tard pour la suite.

Wakkner fut d’accord. Fross quitta la pièce furieux pendant que les deux anciens et le nouveau membre de la direction trinquaient pour fêter leur nouvelle collaboration.

* * *

Aurec et Shel ne purent non plus amener de grandes nouvelles. Ils se retrouvèrent comme convenu. Ils restèrent un moment assis en silence à une table dans un restaurant. La résignation et la perplexité étaient grandes.

— Sur la Terre, nous ne trouverons aucun moyen pour revenir dans notre univers normal. Nous devons l’essayer dans d’autres systèmes, déclara Rhodan.

Les trois furent d’accord avec lui.

— Nous informons donc le Londres, dit Aurec.

Rhodan sortit l’intercom de la poche. Il l’activa et appela le Londres. Une serveuse qui passait devant la table regarda Rhodan avec incrédulité.

— C’est son jour de sortie aujourd’hui, dit Aurec en souriant.

Les yeux de la serveuse s’élargirent, puis elle alla d’un pas rapide vers une autre table.

— Ces New Yorkais sont timbrés, dit Sam.

— Nous avons un problème. Le Londres ne répond pas. Il ne semble plus être en orbite, dit Rhodan.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? Où est-il ? voulut savoir Shel Norkat.

Rhodan fit un geste embarrassé.

— Je ne le sais pas, mais nous allons le découvrir, dit le Camelotien décidé.

Cela arriva à ce moment. Un brouillard rouge s’éleva du comptoir. La terre commença à trembler et il y eut une grande explosion. Le comptoir ainsi que les barmaids se trouvant derrière volèrent dans toutes les directions. Les clients crièrent et s’enfuirent. Rhodan et ses compagnons se levèrent aussi et voulurent quitter le restaurant, puis Perry reconnut une forme rouge dans le brouillard.

— Il ne te sert à rien de fuir, Perry Rhodan, dit la forme rouge. Nous te trouverons partout. Il n’y a aucune issue.

Rhodan s’approcha à trois mètres de la créature rouge. La créature faisait environ deux mètres de haut et était vêtue d’un manteau rouge. Le visage était caché par un casque rouge, ovale. Quelque chose brillait par une fente noire dans le casque à hauteur des yeux.

— Qui ou quoi es-tu ? voulut savoir Rhodan.

— Ton destin, répondit la créature.

— Je ne comprends pas tout à fait, dit Rhodan hésitant.

— Naturellement que tu ne comprends pas. Vous, créatures inférieures, ne comprenez rien. Je suis Rodrom, l’émissaire et l’incarnation du grand Chaotarque Modror.

Rhodan sentit l’effroi au plus profond de ses os. Pourquoi les Chaotarques voulaient-ils sa mort ? Lentement, il comprenait qui était responsable de tout.

— Je suppose que tu nous as amenés sur cette para-Terre ?

— Je suis impressionné par ton intuition, dit Rodrom de façon moqueuse.

— Pourquoi ? Que nous vous avons-vous fait à toi ou à Modror ?

— Vous existez. C’est une raison suffisante pour vous éliminer. Mais c’est toi, Rhodan. Les gens du Londres sont des fourmis peu importantes. Toi cependant, tu dois te justifier encore devant nous.

— Pourquoi ? Que vous ai-je fait ? Il y a des siècles que nous ne nous sommes plus mêlés des intérêts des Chaotarques.

Rodrom rit de façon diabolique.

— Espèce de petit fou, il s’agit de V´Aupertir – le Maître des Éléments. Vous avez à répondre de sa dévolution. Maintenant, je peux enfin prendre la revanche désirée pour l’étroite défaite des Chaotarques.

Rhodan comprenait maintenant pourquoi Rodrom agissait contre lui. Il voulait se venger de la défaite du Décalogue. Rhodan doutait qu’il veuille venger le Décalogue lui-même, mais le fait que les pouvoirs du Chaos aient subi un échec contre Rhodan. Perry était conscient que maintenant sa situation était très désespérée.

— Maintenant, je comprends, dit Rhodan lentement.

— Bien, alors tu comprends aussi que ta fin est venue. Je ne projette pas de te laisser végéter sur cette planète. Non, tu va être chassé et abattu, comme du gibier, parla Rodrom.

Rhodan leva les mains dans un geste apaisant.

— Je conçois que tu veuilles ma mort. Mais laisse les autres en paix. Les passagers du Londres et le Saggittorien n’ont rien à faire avec ta vengeance.

Tu n’as aucun motif contre eux, dit Rhodan énergiquement.

Rodrom fit un mouvement de tête vers le haut.

— Tu crois pouvoir comprendre les motifs des Chaotarques ? C’est ridicule.

S’attend-on d’un chimpanzé qu’il puisse calculer un logarithme ?

Rhodan aurait aimé sauter à la gorge de cet être arrogant, mais il doutait que Rodrom se composât de matière. Le rouge s’avança vers Rhodan jusqu’à ce qu’il se tienne directement devant lui.

— Les êtres de la galaxie Saggittor ainsi que ceux sur le Londres sont peu importants. J’ai utilisé le Saggittorien pour attirer le Londres dans le piège.

Dolphus est l’un de mes acolytes. C’est moi qui ai donné l’ordre d’exécuter la famille du chancelier. Tout cela pour placer le Londres dans la bonne position afin de l’amener dans cet univers. Le Saggittorien et les passagers du Londres ne sont rien de plus que des pions sur un échiquier, expliqua l’entité rouge.

Rhodan se tut.

— Je te donne cependant encore une chance correcte. Tu dois affronter cinq de mes meilleurs combattants. Ils te chasseront sur cette planète jusqu’à ce que toi ou eux soyez morts. Puisque je suis fermement convaincu qu’ils n’échoueront pas, je crois que ta fin est venue. Pendant tous les siècles, tu as pu battre la mort, mais cette fois il est trop tard. Toi et tes compagnons allez maintenant rencontrer votre destin.

Rodrom se dissolva de nouveau dans le brouillard. Il ne restait qu’un bar dévasté. Un silence de mort régnait. Rhodan savait exactement à quel point un Chaotarque était dangereux. Cinq combattants étaient responsables avec garantie du massacre de la famille du chancelier. Rhodan se souvint du dolan qui était sur la planète. Il s’attendait donc à ce qu’une Bête fasse partie des cinq mercenaires. Dans ce piège, les chances étaient encore plus mauvaises. La lutte contre un Policier du Temps était presque désespérée.

On aurait besoin de fusées pour le blesser.

— Nous devrions vite disparaître d’ici avant que ces cinq créatures ne viennent, décida Rhodan.

Aurec était manifestement choqué par Rodrom. Il avait entendu les paroles de l’entité rouge. C’est moi qui ai donné l’ordre d’exécuter la famille du chancelier. C’était ses paroles. Donc pour lui, le père, la mère et les frère et sœur d’Aurec n’étaient que des pions. La haine qui grandissait chez le jeune Saggittorien était difficile à décrire.

Rhodan mit sa main sur l’épaule d’Aurec.

— Cela me fait de la peine. Maintenant, tu comprends aussi pourquoi nous Terraniens ne voulons plus avoir à faire avec de telles entités, dit le Terranien.

— Il paiera pour cela. Je le promets, dit Aurec acharné.

— Oui, mais nous devons d’abord voir avec ses combattants. Et cela peut devenir une lutte désespérée.

* * *

Sato s’était retiré de nouveau dans le monde d’Embuscade. Il espérait que c’était là qu’Embuscade le chercherait le moins.

Le pararéaliste devait d’abord ordonner ses sentiments. D’une part, Embuscade était comme un frère pour lui et malgré ses procédés diaboliques, il nourrissait des sentiments pour son para moi. Mais, d’autre part, Embuscade avait tué la pauvre fille et voulait le tuer maintenant. Il ne lui restait aucun autre choix que de lutter contre lui.

Il n’avança pas plus loin dans ses réflexions. Embuscade apparut soudain derrière lui.

— La finale commence, mon frère.

La folie se reflétait dans ses yeux. Sato se leva avec un geste apaisant des mains, mais Embuscade frappa. Ambush tomba durement à terre. Le para-moi se jeta sur lui et les deux hommes luttèrent au sol. Sato put se dégager par un coup dans la hanche d’Embuscade.

Il se leva et partit en courant, mais Embuscade s’accrocha à la jambe de Sato. Ambush perdit l’équilibre et tomba, il roula en bas d’une pente. Des éclairs d’énergie frappèrent juste à côté de lui. Embuscade utilisait ses forces psi pour produire de l’énergie. Ambush courut sur un pont. Il était construit en métal et ne donnait pas une impression stable.

Un calme soudain régnait. Le chant habituel des oiseaux se tut aussi.

Ambush se demanda si Embuscade modifiait son monde.

Deux autres rafales psi. Les piliers du pont furent touchés. Ils commencèrent à se briser en deux. Embuscade sauta sur le pont avec son lourd SERUN. Sato dit adieu à la vie, mais il voulait emporter Embuscade avec lui dans la mort. Il se leva et conçut lui-même un rayon psi. Celui-ci frappa Embuscade de plein fouet. Le para Ambush fut projeté sur le pont. Sato se jeta dessus. Il essaya de nouveau de produire de l’énergie – ainsi qu’Embuscade.

Les deux étaient enveloppés dans une sphère d’énergie-psi.

Les piliers du pont se brisèrent alors. Le pont tomba dans l’abîme profond avec les deux Ambush, enveloppés d’énergie-psi.

* * *

La nuit tomba sur New York. La métropole ne devint toutefois pas calme.

Les night-clubs avaient ouvert et des personnes aux manières étranges peuplaient Manhattan.

Sam regardait autour de lui, fréquemment choqué.

— Il y a plus d’excentriques ici que sur Lepso, fit-il sérieusement.

Il bouscula quelqu’un par erreur.

— Mes excuses, madame, fit-il poliment.

La femme lui montra le majeur et répondit :

— Fuck you !

— Qu’a-t-elle dit ? Je n’ai pas appris ce mot dans l’hypno-endoctrination, dit Sam étonné.

Perry toussa.

— C’est mieux ainsi.

Ils allèrent à Central Park.

— Au cas où nous rencontrerions ici les combattants de Rodrom, personne ne sera au moins mis en danger, dit Rhodan.

— Mais il y a quelques créatures étranges qui traînent par ici, fit Shel.

Elle se tenait à son bras. Elle semblait avoir un peu peur. Aurec le remarqua et mit ses bras autour d’elle.

— N’ai pas peur, Shel. Ce sont seulement des membres de ton peuple, dit-il pour la calmer.

— Ils sont cependant si différents, chuchota-t-elle.

Rhodan se tourna ses trois compagnons.

— Nous devons aussi être très prudents. Central Park n’était pas très sûr au vingtième siècle, particulièrement la nuit.

Ils entendirent soudain un grondement. Cela ressemblait au vol d’un astronef.

— Un aéronef terranien ? demanda Sam, espérant la confirmation de la part de Rhodan.

Mais le Camelotien secoua la tête.

— Je ne sais pas, avoua-t-il.

Cours, Perry, cours !

Rhodan se prit la tête.

Cours et mets-toi en sécurité !

La voix dans sa tête se répétait tout le temps. Elle lui était connue. Il l’avait déjà entendue. Seulement, il ne pouvait pas l’identifier ou l’attribuer à une personne.

— Quelque chose me dit que nous ferions mieux de disparaître, dit-il finalement.

Il espérait que la voix dans sa conscience avait raison. À qui qu’elle appartienne. Ou la conscience de Rhodan lui jouait-elle une blague ?

À la bibliothèque. Je t’attends là, dit à nouveau la voix intérieure.

— Nous allons à la bibliothèque. Nous nous reverrons là-bas, dit-il enfin aux autres.

Au même moment, un éclair d’énergie fusa devant Rhodan et frappa un arbre. Rhodan regarda dans la direction d’où venait l’éclair. Ses yeux s’élargirent quand il vit un Ptéru hurlant devant lui. Des autres côtés venaient un Hauri et un Larénian.

— Partons d’ici, cria Aurec.

Les quatre coururent aussi vite qu’ils pouvaient. Rhodan prit Sam sur le dos, sinon il n’aurait pas pu suivre. Ils coururent sur la rue et arrêtèrent un taxi.

— Holà, où voulez-vous donc aller ? demanda le chauffeur de taxi, un homme de couleur.

— À la bibliothèque. Et vite ! cria Rhodan.

— Du calme. À New York, on ne va vite nulle part, dit le chauffeur de taxi blasé.

Le taxi arriva devant un feu rouge. L’homme s’arrêta.

— Appuyez sur le champignon ! dit sèchement Rhodan.

— Mollo. C’est rouge. Alors, je dois attendre.

Derrière le taxi, il y eut plusieurs explosions. Ark Thorn surgit des broussailles. Devant lui se trouvaient deux autres voitures qui attendaient le feu vert. Il les souleva et les jeta de côté.

Le chauffeur de taxi regardait incrédule depuis sa voiture.

— Oh merde ! dit-il et il appuya sur la pédale.

La voiture partit en grinçant.

— Je vous avais bien dit que vous deviez appuyer sur la pédale ! dit Rhodan.

Le Policier du Temps courait derrière la voiture.

— Oh merde, comme il est rapide ce bestiau. Qu’est-ce que c’est au juste ?

King Kong ? hurla le chauffeur de taxi.

— Fermez-la et conduisez plus rapidement que 120 km/h, répondit Rhodan.

— Vous êtes le boss !

Le chauffeur de taxi dépassa de loin les 120 km/h. Lentement, il arriva à distancier le Policier du Temps. Mais une autre voiture arriva de la gauche.

Le chauffeur de taxi cria quand il vit le visage de squelette du Hauri dans l’autre voiture.

— Baissez-vous ! ordonna Rhodan.

Alors, le Camelotien sur le siège à côté du conducteur tira par la fenêtre du taxi sur les pneus de l’autre voiture. Ceux-ci éclatèrent et la voiture s’écrasa contre un arbre. De derrière, Rhodan put cependant voir que les combattants descendaient indemnes du véhicule en feu.

— Maintenant, vite à la bibliothèque ! dit Rhodan.

— Oui, compris. Dites, vous venez de Mars ou quoi ? Êtes-vous Vulcain ou quelque chose comme ça ? demanda précipitamment le chauffeur de taxi.

Rhodan ne comprit pas ce qu’il voulait dire par Vulcain.

— Je viens aussi de la Terre. Seul notre ami ailé vient de la Sphère de Puissance d’Estartu, expliqua-t-il légèrement amusé.

Le chauffeur de taxi secoua la tête.

— Putain de touristes !

* * *

Le taxi avait probablement atteint un nouveau record de vitesse pour les rues de New York, en tout cas il sembla à Rhodan qu’ils arrivèrent à la bibliothèque plutôt vite.

Rhodan donna au chauffeur de taxi un billet de 20 dollars.

— C’est bon, dit-il.

— Hé man, tu veux me mener en bateau ? Le voyage fait 30 dollars ! cria le chauffeur de taxi un peu plus tard, mais Rhodan, Sam, Aurec et Shel Norkat avaient déjà disparu dans le bâtiment.

— J’aurais dû écouter M’man et étudier le droit, dit le Noir et il repartit.

À peine avait-il tourné dans la plus proche rue que les cinq guerriers atteignaient le bâtiment.

Berool tenait un détecteur dans la main.

— Ils sont là. Ark et Scardohn par-derrière. Le reste par-devant ! ordonna-t-il.

Glyudor, Berool et Itzakk pénétrèrent dans le bâtiment.

Il était fermé à cette heure, mais un signal d’alarme résonnait déjà depuis un instant.

— Les policiers locaux vont bientôt arriver, dit Berool.

Il activa l’hypercom.

— Ark, bientôt des collègues terraniens à toi vont te tomber dessus, occupe-toi d’eux s’il te plaît.

Rhodan et les autres s’étaient cachés entre les grands rayonnages.

— Ils vont nous tuer, chuchota Shel.

Elle tremblait de tout son corps. Aurec avait manifestement du mal à la calmer.

— Non, ils ne le feront pas, entendirent les quatre dire une voix.

Rhodan connaissait cette voix, c’était la même qui avait parlé aussi dans sa conscience. Mais cette fois, il put la classer.

Il n’en crut pas ses yeux quand il vit le petit Asiatique devant lui. Des souvenirs s’éveillèrent en Rhodan, comme la Porte du Loolandre où les deux s’étaient rencontrés pour la première fois. D’innombrables fois, cet être avait conseillé et aidé Rhodan. Il considérait cet homme comme l’un de ses plus proches amis, mais il avait douté de jamais le revoir.

— Sato, fit lentement Rhodan.

* * *

Le scintillement des quatre points sur le détecteur s’éteignit.

— Quoi ? fit Berool.

Le Larénian pressa quelques boutons et crut à un défaut du détecteur.

Mais il dut constater qu’il ne s’agissait pas de cela.

— Ils sont partis ! Simplement disparus, dit-il aux autres.

Ceux-ci demandèrent aussi si c’était dû au détecteur, mais Berool excluait cette erreur.

— N’importe comment, ils sont arrivés à maîtriser l’étrangeté, réfléchit le Larénian à voix haute.

Itzakk écumait de rage. Il hurla et renversa quelques-uns des rayonnages.

Thorn essaya de calmer.

— Nous partons maintenant pour l’Europe et arrêtons les trois autres, dit Scardohn.

— Qu’il en soit ainsi. Ark Thorn, s’il te plaît prépare ton dolan. Rhodan, tu ne nous échapperas pas.

FIN